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Présentation du livre

« PAULINE »

L'histoire vraie de Pearl Witherington, agent du SOE, parachutée
en France en 1943. Edité par l'association Par exemple.

          Sommaire :

Le décès de Pauline

Pearl  Cornioley, notre amie "Pauline", est décédée le dimanche 24 février 2008 vers 13h 30 à l'hôpital de Blois (Loir-et-Cher), où elle était hospitalisée depuis 10 jours. C'est l'aboutissement d'une maladie qui l'avait affaiblie depuis plusieurs mois, la privant peu à peu de ses forces physiques.  Mais  au niveau moral, elle est restée  jusqu'à la fin telle que nous la connaissions :  lucide, attentive aux autres, ne se plaignant jamais...
Ses cendres ont été déposées, ainsi qu'elle l'avait demandé, auprès de la stèle commémorant le combat des Souches à La Chapelle-Montmartin, là où se trouvaient déjà celles d'Henri, son mari, décédé en 1998.

                                              

Site réalisé par HLarroque    English version  

Référencé sur le site web de l'INA : "Les Archives de Guerre 1940-1944"
sur le site d'histoire militaire "World War II (1939-1945)"
sur "Guide de Guerre, paix et sécurité" (Collège des Forces canadiennes)
sur The War Room   sur perso.wanadoo.fr/k.bracq  
sur le blog de Kathryn J. Atwood

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dernière mise à jour : 20/05/2018  

Ce site est traduit en anglais, mais il n'existe pas encore d'édition anglaise du livre "Pauline".




Ceci est l'histoire authentique de « Pauline », ou Pearl Witherington, qui s'engagea en 1943 dans un service secret anglais - le S.O.E. - pour venir aider la résistance en France. Après quelques mois d'entraînement intensif, elle fut parachutée pendant la nuit du 22 au 23 septembre 43. Elle mena dès lors une vie étrange. Voyageant la plupart du temps dans des trains de nuit, elle allait porter des messages dont elle connaissait rarement le sens. Elle fut ce qu'on appelle un courrier.
Ce travail, très solitaire, était évidemment dangereux. Elle eut quelques émotions fortes ! En mai 44, son chef de réseau fut pris par les Allemands : elle changea de lieu et de mode de vie. Accueillie dans l'Indre, elle organisa un petit maquis, avec Henri Cornioley, son fiancé. Ils faillirent être pris ou tués, le 11 juin... En quelques semaines, le maquis se développa. Il comptait 1500 hommes en juillet 44. Son chef, que peu connaissaient personnellement, s'appelait « Pauline ».
Pour Pauline et Henri, la guerre s'arrêta en septembre. Ils partirent en Angleterre, rendirent l'argent qui leur restait des parachutages - à la surprise de l'administration militaire ! Quelques semaines plus tard, ils se marièrent... dans la plus grande simplicité.
Pauline, avec par moments le concours d'Henri, raconte les temps forts, les divers aspects, les anecdotes surprenantes ou drôles, de sa vie pendant les 5 ans de la guerre. Elle raconte aussi sa jeunesse, pas très rose. « Je n'en veux pas du tout à la vie de m'avoir donné cette enfance difficile, confie-t-elle, car ça m'a donné la force de me battre pour le restant de ma vie ». Pas du tout aigrie, elle garde un caractère ouvert, curieux des choses et des êtres.

(Extraits de la préface)

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Auteurs : Mme Pearl Cornioley, avec Hervé Larroque

« Pauline », Mme Pearl Cornioley, a longtemps refusé de confier son témoignage en vue d'une publication sous la forme d'un livre. Elle craignait qu'il soit romancé, c'est à dire déformé.
Hervé Larroque, journaliste du quotidien régional La Nouvelle République à Romorantin (Loir-et-Cher), avait entendu parler d'elle depuis plusieurs années et tenté en vain de la contacter pour un article, quand il eut enfin l'occasion de la rencontrer. C'était en 1992, lors d'une exposition sur la Déportation et la Résistance, à la bibliothèque municipale de Romorantin. Pauline n'est pas quelqu'un qui se laisse aborder facilement. « Quand je me suis permis de lui adresser la parole, explique le journaliste, elle m'a regardé comme si elle avait des mitraillettes à la place des yeux. Je n'avais pas d'autre choix que de contre-attaquer : je lui ai demandé pourquoi elle n'avait pas donné suite à ma tentative de rendez-vous. On s'est expliqué, puis, très vite, on s'est bien entendu. »
Il fit un premier article dans le journal, puis un autre. Plus il écoutait Pauline, plus il trouvait son histoire passionnante : elle méritait davantage que des articles. D'où le projet de ce livre. Il ne serait pas romancé, l'ancienne grande résistante et le journaliste étaient entièrement d'accord sur ce principe.
Les enregistrements sur magnétophone et prises de notes eurent lieu à la fin 1994 et au début 1995. H. Larroque a également recueilli les témoignages reproduits en annexe : ceux de Monique Bled, Henri Diacono, Raymond Billard...

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Un message aux jeunes

Pearl Cornioley, née Pearl Witherington, s'engagea volontairement à 29 ans dans un service secret anglais, la section française du Special operations executive, pour aller aider la résistance en France. Elle fut parachutée dans l'Indre en septembre 1943. Après un travail clandestin qui dura jusqu'au débarquement, « Pauline » fonda et dirigea un maquis de 1500 hommes.
Cette héroïne de l'ombre n'avait jamais accepté de raconter sa vie, par pudeur et par crainte que son témoignage soit « romancé ». Elle a franchi le pas en pensant aux jeunes de l'époque actuelle qui, trop souvent, désespèrent.
En leur confiant ce témoignage fidèle et précis, Pearl Cornioley veut les encourager à croire en leur destin, comme elle crut au sien au moment de sauter en parachute dans la nuit.

(texte de la 4e page de couverture)

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Bilan des premières éditions

Le livre Pauline a été tiré, une première fois, à 1.000 exemplaires, en décembre 1995. Un peu plus de 200 ont été vendus par souscription. La plus grande partie de ce premier tirage a été vendue en trois mois, notamment dans les départements de l'Indre et du Cher, où Pauline avait mené son action dans le maquis. Au total, le livre a été mis en dépôt dans 150 points de vente environ, par l'intermédiaire d'un diffuseur régional et sous forme de dépôts directs. Un second tirage de 1.000 exemplaires a été effectué en avril 1996, puis un troisième en 2009, de 400 exemplaires – toujours en cours de diffusion.
Voir la rubrique "Comment se procurer le livre ?"

Description du livre : 200 pages, papier bouffant 80g ; format 150 x 198 mm ;
couverture en quadrichromie de Francis Bordet ; prix 18,00 euros TTC
ISBN 2-9513746-0-7   Indicatif éditeur 2-9513746.

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Les éditions Par exemple

Pour éditer ce livre, nous avons d'abord cherché un éditeur, mais en vain. Nous avons donc créé notre propre structure d'édition, sans aucun regret au bout du compte. C'est l'association des éditions Par exemple, sans but lucratif. Le travail de préparation et de diffusion du livre a été fait à titre bénévole par les adhérents, et les auteurs n'ont pas voulu être rémunérés. Voici la composition du bureau (année 2008) :
Hervé LARROQUE, né le 1er septembre 1949, domicilié à Châteauroux (Indre), président. M. Gaëtan RAVINEAU, né le 11 mai 1921, domicilié à Mennetou-sur-Cher (Loir-et-Cher), vice-président. M. Raymond BILLARD, né le 10 février 1920, domicilié à Chabris (Indre), secrétaire. Mme Yvonne LARROQUE, née le 5 septembre 1943, domiciliée à Châteauroux (Indre), trésorière.

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Pauline hier et aujourd'hui

Pauline, née le 24 juin 1914 à Paris, a longtemps vécu dans cette ville en compagnie d'Henri, né le 12 octobre 1910. En 1998, ils sont allés séjourner dans une maison de retraite, en Loir-et-Cher. Henri est décédé le 3 juin 1999, dans sa 89e année, après avoir conservé jusque dans ses derniers jours sa lucidité et son sens de l'humour. Ses cendres ont été déposées auprès du monument commémoratif de la bataille des Souches à La Chapelle-Montmartin (Loir-et-Cher), au cours d'une émouvante cérémonie à laquelle assistaient la famille et de nombreux amis du couple. Ces derniers étaient venus surtout de l'Indre et du Loir-et-Cher, où Pauline et Henri avaient exercé une grande partie de leur engagement dans la Résistance, ainsi que de Paris, et d'Angleterre.
Pauline s'est rendue régulièrement à Valençay,  chaque année depuis 1991, aux cérémonies anniversaires de l'inauguration du monument dédié aux agents de la section française du SOE qui ont sacrifié leur vie. 

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Comment se procurer le livre ?

Titre : « Pauline », Parachutée en 1943. Auteur : Pearl Cornioley. ISBN 2-9513746-0-7

1°) Par correspondance :
Pour obtenir un exemplaire de la 3e édition, envoyer un e-mail avec vos coordonnées à hlarroque1@gmail.com . Le livre reste au prix de 18,00 euros, franco de port. Nous vous dirons comment procéder pour la commande et le règlement.

2°) Chez un dépositaire : il y en a plusieurs dans le Loir-et-Cher et l'Indre

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Le sommaire du livre

I _ AVANT 1944 : L'ACTION CLANDESTINE
II _ LE MAQUIS
III _ JEUNESSE ET FAMILLE
IV _ APRES LA GUERRE
V _ HENRI ET PAULINE
VI _ DESTINEE
VII _ CONCLUSION PAR PAULINE
VIII _ ANNEXES
. Témoignage de Raymond BILLARD, "Gaspard", ancien lieutenant de Pauline
. Témoignage de Monique Bled, "Martine", ancien courrier, à l'âge de 17 ans
. Témoignage d'Henri Diacono, ancien radio du S.O.E. (F)
. La technique du codage par double transposition, par Henri Diacono
. Message codé adressé aux jeunes...
. Points de repère

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Courts extraits

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Le grand saut

Quand la lumière rouge s'est allumée, et bien je suis partie. Dans l'avion, ils s'occupaient de mes bagages qui ont été parachutés par la même trappe. Avec le vent, j'ai atterri dans des buissons. Je me suis dit «-ça y est, j'ai été déportée par le vent, je... je ne suis pas où je devrais être-». Et le parachute restait gonflé par le vent.
Pendant l'entraînement, on nous avait dit que si cela se produisait, il fallait tourner autour du parachute pour l'écraser. Je n'y arrivais pas, je me tordais les chevilles - c'était épouvantable - alors j'ai pris le système qui retenait les sangles au milieu sur le ventre, j'ai tourné le bouton, j'ai donné un coup de poing dessus, et puis le parachute est allé s'accrocher dans des buissons. Je me suis dit « bon, maintenant, il faut que je m'organise ».
(...)
J'ai essayé de me repérer dans la nuit... En avançant, j'ai vu à travers les buissons, au niveau du sol, quelque chose de plat. J'ai pensé que cela devait être le terrain d'atterrissage, oui mais... c'était de l'eau. J'étais toute suffoquée de voir qu'il y avait de l'eau aussi près. En fait, j'étais tombée entre deux étangs. Je m'en suis rendu compte longtemps après, quand on y est retournés : deux étangs et des piliers de haute tension !

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La ligne de démarcation

Un beau matin, début décembre, des copains de mes soeurs sont arrivés paniqués : les Allemands étaient en train de ramasser tous les Anglais dans le 16e arrondissement ; nous habitions le 9e. Maman a dit « je ne veux pas être prise par les Allemands, on s'en va... » Ma mère , mes deux soeurs et moi, nous nous sommes alors réfugiées dans deux familles françaises, en attendant que je trouve le moyen de franchir la ligne de démarcation. (...)
Il nous fallait traverser clandestinement la ligne de démarcation, car nous n'avions pas droit à des laisser-passer. J'étais réceptive à toutes les possibilités concrètes quand j'ai entendu, dans le compartiment, un voyageur qui parlait de faire passer des chevaux. Je me suis dit « voilà la réponse à mon problème ». Quand il s'est levé, je l'ai suivi dans le couloir et je lui ai demandé s'il accepterait de faire passer quatre Anglaises. Il a accepté d'emblée. Nous avons modifié notre itinéraire pour le suivre jusqu'à Montceau-les-Mines puis on a pris un chemin de campagne, on s'est cachées dans le fossé lors du passage d'une patrouille allemande... C'est lui qui a tout payé : le supplément du billet de train et même notre « café » (boisson à l'orge grillé) au buffet de la gare !

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Candidate quand même

Mais je me disais que je pourrais être bien plus utile en France qu'ici. J'ai proposé ma candidature, par l'intermédiaire du responsable des Attachés de l'Air qui était un ami de mon ancien chef à l'Ambassade d'Angleterre à Paris. Ça n'a pas été facile. L'armée régulière, encadrée par des officiers de carrière, n'aimait pas du tout cette histoire de S.O.E.: pour eux, nous n'étions que des amateurs. Mon ancien chef m'a dit un jour : « vous n'allez pas travailler avec ces gens-là ! ». Et il m'a fait fermer la porte du S.O.E.. Je me suis dit « c'est un sacré culot ! ». J'avais décidé que c'était ce que je voulais faire. Je suis anglaise, et un Anglais est encore plus têtu qu'un Breton, ça c'est vrai !
J'ai raconté mes malheurs à une copine de l'ambassade à Paris, que j'avais retrouvée. Elle m'a dit « ne t'inquiète pas ». Je savais qu'elle était au ministère des affaires étrangères, mais je ne savais pas qu'elle était la secrétaire du ministre !

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Une enfance pas rose

- Vous pensez qu'il y a un lien direct entre tout ça et l'engagement que vous avez pris ?

P - Certainement. D'abord à cause du sens des responsabilités, que j'ai dû avoir très jeune... En fait de jeunesse, j'ai n'en ai pas eue. On n'a jamais été malheureux à la maison avec maman - sauf quand mon père et ma mère se disputaient. Et ça, je ne peux pas supporter les disputes. Si j'en arrive à me disputer avec quelqu'un, c'est vraiment que je suis poussée à bout, ça me rend malade !
Mais ce que j'ai vécu pendant mon enfance et ma jeunesse m'a donné la force de me battre contre les choses de la vie.

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Une femme SOE !

Maurice m'a présentée à l'agent de liaison du responsable de l'Auvergne. Notre rendez-vous s'est passé d'une façon assez marrante, Maurice l'avait fait exprès, ça je suis sûre. Il avait dû dire au garçon : « demain matin, nous avons rendez-vous avec un agent qui vient d'arriver », et nous nous sommes rencontrés dans un parc de Clermont-Ferrand. Si vous aviez vu la tête du gars quand il m'a vue... (rire). Je n'avais pas compris pourquoi sur le moment. En y réfléchissant après coup, je me disais : « pourquoi avait-il l'air tellement surpris de me trouver là, pourquoi ? ». Mais c'était ça : il attendait un bonhomme, pas une bonne femme !
J'ai eu souvent affaire avec ce garçon-là par la suite car j'ai beaucoup travaillé en Auvergne pendant la clandestinité, avant de venir dans le nord de l'Indre et la vallée du Cher.

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Armer les résistants

Notre travail consistait à former des petits groupes, un peu partout, de façon à ce que, le jour J, ces groupes puissent s'agrandir pour aider la cause alliée. C'est ce qui s'est passé dans le nord de l'Indre et la vallée du Cher.

- Avec les sabotages ?

P - Les sabotages et puis la guérilla.

- Saboter les voies ferrées, les lignes téléphoniques, les routes, et puis harceler les troupes allemandes pour les freiner, créer un climat d'insécurité...

(Pauline approuve) - Quand je suis devenue chef de réseau, mon rôle était d'aider les résistants. Mais ce qui me met dans une rage folle, c'est que l'on raconte : « ah bon, elle était dans la guerre, bang-bang-bang, et puis elle faisait sauter les trains et puis tout le reste... » - c'est pas vrai ! Tout ce que j'ai fait, c'était d'organiser et puis d'armer les résistants.

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Henri et son lapin

Quand on est repartis le lendemain, j'ai emporté mon lapin. Il n'était pas plus gros... que deux poings, il était vraiment tout petit. Nous avons continué notre fuite jusqu'à Verdun et j'avais toujours mon lapin. Il était nourri comme un roi puisque nous étions dans le train hippomobile et qu'on avait de l'avoine tant qu'on en voulait pour les chevaux. Alors vous pensez, il se goinfrait d'avoine... L'herbe, on n'en manquait pas non plus.
Comme on était dans une section de mitrailleurs, chaque fois qu'on cantonnait quelque part, on nous faisait prendre position en dehors du cantonnement, sur une butte, dans un champ... soi-disant contre les avions allemands. Là, pfuit, je ramassais mon lapin. Il était complètement apprivoisé, il n'essayait pas de se sauver. Même quand on tirait à la mitrailleuse, il restait là, il était habitué... il était chouette, mon petit lapin.
Les gars de la batterie me mettaient en boîte. Chaque fois que je me déplaçais, ils disaient « alors, Cornioley, t'oublies pas ton lapin ? »

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Cachée dans le blé

Je ne voulais pas être prise dans une maison. Je me suis enfuie dans le champ de blé. Juste après, j'ai vu les flammes jaillir de la grange. Les Allemands y avaient mis le feu, en représailles. Je me suis éloignée, craignant que le feu atteigne le champ de blé. J'espérais rejoindre le petit bois. C'est là qu'ils m'ont vue et qu'ils m'ont tiré dessus, mais sans m'atteindre (...)
A un moment, le « mouchard » (avion de reconnaissance) est passé : en l'entendant arriver, je me suis recroquevillée, en espérant être prise pour une espèce de paquet...
Vers 22h 30, toujours allongée dans le champ, je n'entendais plus les camions. J'ai sorti la tête et j'ai aperçu la fermière en train d'éteindre le feu. Je me suis levée et j'ai fait un signe de la main, mais Mme Sabassier et sa fille ont eu tellement peur, en apercevant quelqu'un à l'autre bout du champ, qu'elles sont rentrées dans la maison ! Je les ai rejointes. Elles n'avaient plus rien à me donner à manger parce que toute la journée, elles avaient donné à manger et à boire aux Allemands. Elle m'a quand même trouvé deux oeufs. Je les ai mangés, puis je suis partie chez les Trochet. J'avais bigrement eu chaud en plein soleil, et peur !

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Les deux prisonniers

Pauline - Pendant que nous étions dans ce maquis, des Allemands sont passés, mais ils n'étaient pas très nombreux. Les maquis, où qu'ils soient, avaient à ce moment pour mission d'empêcher les Allemands de rejoindre l'Allemagne.

Henri - C'est comme ça qu'on s'est retrouvé avec deux Allemands blessés : un jeune et un officier qui était atteint à la jambe. Ils étaient dans un camion. On a emmené le jeune dans l'hôpital dirigé par les soeurs, à Valençay. Quant à l'officier, c'était un hitlérien cent pour cent. Il avait été décidé qu'il fallait le fusiller. On lui avait permis d'écrire une lettre à sa famille. Les tuer, c'était difficile, vous savez, dans une situation comme ça. Mais faire des prisonniers, ce n'était pas facile, car, comment voulez-vous qu'on les garde. On n'avait pas de prison.

- Qui est ce qui a pris cette décision?

Pauline - Ça, je ne sais pas. Ça s'est décidé entre la tête du maquis et Châteauroux, peut-être. Je sais que, personnellement, hitlérien ou pas, c'était un être humain. Après tout, il faisait la guerre.

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On ne boit pas d'eau...

P- Quand j'arrivais dans une ferme, je demandais « s'il vous plaît, donnez-moi un verre d'eau » - « Ah, non, non, non, me répondait-on, absolument pas ! ». On me versait un verre de vin. La première fois, je me suis laissé faire, oui mais quand je suis sortie, j'avais les jambes coupées. Ensuite, chaque fois que j'allais dans une ferme demander un verre d'eau, et bien c'était la bagarre. Parce qu'ils voulaient absolument me donner du vin. On ne boit pas d'eau, en France !

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Père alcoolique

Les gens qui boivent, vous ne pouvez pas vous imaginer les misères que ça peut causer. Cela a certainement été à l'origine d'une grande partie de nos difficultés. Mon père n'a pas trouvé en lui-même la force de reprendre en main les choses après la guerre de 14. Il avait probablement un côté un peu... mondain. Il avait été élevé dans un milieu très aisé, avant de mener cette vie mondaine très développée. Il n'a pas su remonter la pente et... faire ce qu'il fallait. Et puis c'est aussi une question de destinée. On s'est trouvées dans cette situation, on a été obligées d'y faire face ! J'en reviens toujours à mon « faire face » (...) Mais je ne me suis même pas rendu compte qu'il se laissait aller ! Vous savez, un enfant n'analyse pas, vis-à-vis d'un adulte. Il subit la vie telle qu'il la trouve !

- Oui, mais il en souffre !

P - Pour moi, la seule chose dont j'ai souffert quand j'étais petite, c'était des disputes entre mes parents. Ça, j'en ai vraiment souffert, parce que je ne comprenais pas.

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Vie de bureau

J'ai eu un chef de service qui n'avait pas d'heure (...) Il m'avait dit « il faudra arranger votre vie de façon à ce que vous donniez tout votre temps à la banque ».
- 24 heures sur 24 ?
P - Oui, oui... Ensuite est arrivé John Miller. Alors là, j'ai eu 12 ans de bonheur parce que ça marchait vraiment comme sur des roulettes (c'était à la Banque Mondiale, où j'ai travaillé 28 ans).
- Vous en avez bavé, en somme, pendant 14 ans...
P - J'en ai bavé, d'accord, mais je l'ai supporté parce que j'étais bien obligée... Comment est-ce que je me dé-stressais ? Comment est-ce que je faisais ?
- Je ne sais pas.
P - Et bien, je passais tout mon week-end à pleurer. (un temps) Et ça m'est arrivé très souvent. Parce que... quand vous avez supporté des méchancetés toute une semaine...

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Tournée aux USA

En février 46, je suis allée aux U.S.A. faire une tournée de conférences pour expliquer aux Américains le rôle de l'Angleterre pendant la guerre, de 1939 à 1945. Je pense que c'était le S.O.E. qui m'avait désignée. D'autres tournées avaient été faites, dans le même but, par des militaires et des politiques. Le conférencier qui m'avait précédée était Constance Babington-Smith, la femme qui avait localisé Peenemunde, station de recherche pour les V1 et V2 sur la mer Baltique, en interprétant les photos aériennes prises par la R.A.F. (...)
Bref, j'avais été envoyée par le service d'information britannique faire cette tournée, surtout dans le nord-est des U.S.A. : New-York, Washington, Colombiana, Cleveland, Chicago, Detroit, Buffalo, Philadelphie. Les conférences avaient lieu dans des écoles, dans les clubs - il y en a beaucoup, là-bas... Je leur avais parlé de la résistance en France, de l'action du S.O.E. etc.
A Colombiana, dans l'Ohio, il y avait beaucoup d'habitants d'origine allemande, mais personne ne m'avait prévenue. Pendant que je parlais, je sentais bien qu'il y avait une gêne... Au bout d'un moment, j'ai vu un Américain s'approcher, et il m'a demandé : « Vous croyez que tous les Allemands sont comme ça ? ». Pour m'en sortir, je lui ai répondu :
« Moi je ne sais pas, je n'ai vu que des nazis ! »...

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Croire en son destin

Et tout s'est enchaîné d'une façon très curieuse. Cela m'est arrivé plusieurs fois dans ma vie. Lorsque j'ai commencé mon entraînement d'agent de liaison : j'étais probablement destinée à faire ce genre de truc... De même que tout s'est enchaîné pour le mémorial de Valençay (...) Je crois profondément en la destinée.
- Qu'est-ce que vous entendez par là ?
P - Il n'y a pas de problème : votre destin est certainement écrit, prévu... appelez ça comme vous voulez. Il y a certaines choses par lesquelles vous êtes obligé de passer - que ce soit dans votre jeunesse, au milieu de votre vie ou à la fin de votre vie (...)
- Vous pensez qu'on naît avec une espèce de carte... un projet de sa vie ?
P - Ah, sûr.
- Avec des trucs durs qu'on devra affronter, avec des atouts aussi, des aides qu'on recevra à un moment...
P - Malheureusement, on ne le sait pas, au départ. Mais on les a, c'est sûr.

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Religion : une déception

A seize ans, je n'avais qu'une personne à qui me confier : c'était le pasteur. Maman avait déjà dû aller le voir plusieurs fois à cause de nos problèmes financiers. Un jour, je lui ai rendu visite pour lui faire part de mes difficultés avec ma mère et lui demander conseil... Il a dû croire que je venais à cause de nos problèmes d'argent : il n'a pas eu le temps de me voir.
J'ai très mal pris la chose. Je me suis dit « si je ne peux pas demander d'aide à la religion, qui est-ce qui va m'aider ? ». Pour moi, ça a marqué un tournant. Je n'ai plus voulu entendre parler de religion (...) Je suis très croyante, mais pas pratiquante. Je vais à l'église toute seule, là où ça me plaît et là où je trouve une église ouverte.
- Et dans l'église, que faites-vous ?
P - En général, je pense à tous mes amis, à toute ma famille. Je ne demande rien pour moi, sauf que le Bon Dieu me donne de la patience, parce que parfois j'en manque.
Je serais contente, un jour, de parler de religion avec un théologien... Mais la religion, pour moi, c'est purement personnel ! Ce n'est pas comme ça qu'elle doit être perçue, paraît-il. Il faut qu'elle soit perçue avec tout le monde, collectivement.

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La voyante d'Oxford street

Plutôt pour avoir la paix qu'autre chose, je lui ai dit « bon, je viens avec toi ». Et à l'heure du déjeuner, nous voilà parties.
C'était dans Oxford street, une espèce de salle avec des jeux... Je tombe sur une dame, dans une petite baraque, qui regardait dans une boule de cristal. Ça, je n'avais jamais vu. D'abord, elle m'a donné la boule «vierge», elle me l'a fait tenir pendant un bon moment, et puis, sans la toucher du tout, elle l'a mise dans un mouchoir mauve... non, violet. Elle a commencé à tourner la boule là-dedans, et elle m'a raconté ma vie passée, mais alors, à la lettre ! Ça m'a quand même un peu surprise.
Elle continue, continue... et puis elle me dit tout à coup, sur un ton précipité :
- Vous cherchez à changer de travail, qu'est-ce que vous voulez faire, qu'est-ce que vous voulez faire ?
- Je cherche à changer de travail, c'est tout ce que je peux vous dire. (...)
Elle savait que c'était dangereux. Elle ne me l'a pas dit, mais elle me l'a fait sentir. J'étais en pourparler pour entrer au S.O.E...

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En conclusion

Rien n'aboutit facilement dans la vie et ce livre nous a demandé beaucoup de temps, et de la part d'Henri et moi-même une application en profondeur, afin de vous transmettre notre histoire telle qu'elle s'est présentée et telle que nous l'avons vécue.
J'espère que ce récit pourra aider les plus jeunes à surmonter les problèmes et les difficultés que toute vie subit. Il ne faut jamais désespérer ni baisser les bras car, hélas, elle ne fait pas de cadeau, mais elle sait reconnaître ceux qui l'affrontent avec conscience, courage et détermination.

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Extraits substantiels
du livre « Pauline »

Témoignage de Pearl Cornioley

Au choix :

Formation initiale (pages 20 à 22)
Une enfance difficile (pages 24 et 25)
Clermont et Michelin (pages 30 à 32)
Le radio Tutur (pages 44 à 47)
Une terrible méprise (pages 50 à 52)
La Bataille des Souches (pages 60 à 62)
Le SOE et les maquis (pages 88 à 90)
Une enfant pas riche qui aimait lire (pages 99 à 101)
Destin, mystère, confiance (pages 148 à 150)
Une croyance personnelle (pages 154 et 155)

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Présenté par les Editions "Par exemple"