Une croyance personnelle (pages 154 et 155)

Pauline - Je serais contente, un jour, de parler de religion avec un théologien... Mais la religion, pour moi, c'est purement personnel ! Ce n'est pas comme ça qu'elle doit être perçue, paraît-il. Il faut qu'elle soit perçue avec tout le monde, collectivement.
- Aller dans une église toute seule, c'est une chose que vous faites depuis longtemps, finalement ?
P - Oui.
- Vous le faisiez aussi à l'époque du maquis ?
P - Non, je n'en avais pas le temps, sauf à Poitiers.
- Ce sont des choses difficiles à expliquer... peut-être n'y a-t-il rien à ajouter ?
P - La base de la religion, pour moi, du moins, c'est les dix commandements. Sorti de là, je ne vois pas ce qui...
- Se recueillir dans une église, est-ce que cela ne correspond pas, tout de même, à quelque chose de spécial, qui va au-delà des dix commandements ?
P - Quelque soit... à qui on s'adresse, que ce soit au Christ - moi, j'aime mieux m'adresser, je pense, directement au Bon Dieu - on a été obligé d'en faire une image, parce qu'autrement les gens ne comprendraient pas, mais pour moi c'est un esprit. Il n'y a pas de problème, on est entouré de quelque chose...
- Cette notion d'appeler de l'aide, est-ce que ça vous est venu à un moment précis, ou est-ce que d'une certaine façon, vous avez toujours su ça, depuis votre enfance...
P - Non, je l'ai toujours fait.
(un temps)
- Et vous l'avez fait pourquoi : parce que la vie était difficile ?
P - Oui... probablement.
En fin de compte, je dois avoir une vie intérieure très forte. Parce que je ne suis pas bavarde et que je ne discute pas de ce genre de chose - tenez, Henri, il doit être suffoqué d'entendre certaines choses que je dis, qu'il ne savait pas. N'est-ce pas monsieur ?
Henri - Oui, m'dame !
- Il y a toujours eu des moments où vous avez su demander et recevoir une espèce d'aide ?
P - Oui.
- Le monastère de la Pierre qui Vire, vous y êtes allée de temps en temps...
P - Ce n'est pas loin de chez les enfants, en plein Morvan. Ça ressemble à une partie de l'Ecosse, parce que c'est très sauvage. Il y a des bois et peu de cultures. Par contre, les moines ont une ferme, en plus de leur imprimerie (qui n'est pas ouverte aux visites). En plein hiver, tu sais... J'aimerais beaucoup y aller... et rester là, mais toute seule.
H - Tu peux faire une retraite !
P - Je ne saurais pas faire une retraite, je ne suis pas catholique, moi !
H - Non, mais tu n'es pas... tu n'es pas obligée de suivre tout le fourbi, pour la retraite !
- Ils font des livres sur l'art roman et c'est une chose que vous appréciez ?
P - Ah, ça, j'aime beaucoup, j'aime énormément !
C'est une collègue de bureau qui me l'a fait découvrir. Elle m'avait prêté un petit bouquin sur les églises romanes. Je m'étais dit que, lorsque j'en aurais l'occasion, j'en visiterais une, et c'est parti de là. Chaque fois que j'ai eu l'occasion de visiter une église romane, depuis, je l'ai fait. D'abord, je les trouve très belles, et puis elles ont une atmosphère particulière. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien, mais c'est... la forme, cette atmosphère de chaque bâtiment qui est très forte.

Extrait du livre « Pauline » - Copyright les Editions "Par exemple" - Pour tous renseignements : e-mail H.Larroque

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