Le radio Tutur (pages 44 à 47)
Pauline - Radio... le pire des boulots qu'on pouvait faire, c'était
ça (...)
On ne choisissait pas, on prenait les gens qui voulaient bien. Il fallait
avoir confiance dans la personne qui vous mettait en contact...
- Les radios étaient-ils des techniciens, des gens qui faisaient
ce genre de métier dans le civil ?
P - Pour la plupart, non. Le mien, Tutur, était un technicien parce
qu'il avait été radio dans la Coloniale. Amédée
l'a probablement recruté sur place, dans la région de
Châteauroux. C'était mon radio, et quel radio ! Il racontait
des histoires invraisemblables...
Quand il est arrivé chez les Trochet, d'abord, on a tous foutu le
camp, parce qu'on pensait que c'était la Gestapo. Tout excité,
il nous a raconté qu'il avait rencontré des Allemands, qu'il
avait tiré des coups de feu et qu'il avait envoyé des grenades
à droite et à gauche... Ce n'était pas impossible, parce
qu'on était bien après le jour J, mais c'était quand
même un peu gros ! En le voyant, je me suis dit « qu'est-ce que
c'est que cet être-là ? »
C'est Knéper (un maquisard du groupe) qui l'a surpris en uniforme,
en train d'expliquer que la voiture dans laquelle il était arrivé,
avait été parachutée en même temps que lui. «
Regardez, disait-il, comme ils font bien les choses ! »
Il avait raconté, aussi, que sa femme et ses enfants avaient
été pris par la Gestapo. Il en rajoutait tellement que les
gars étaient en larmes ! C'est Henri qui avait vu ça...
Henri - A l'entendre, les Allemands avaient massacré toute sa famille
: sa femme et ses enfants... et les gars, il pleuraient ! En tout cas,
c'était un fameux radio, il connaissait bien son boulot.
P - Il s'était mis avec la fille des fermiers qui l'accueillaient
et il ne voulait plus partir, alors que c'était devenu indispensable
pour une question de sécurité. Il mettait les Steegmans en
danger et la ferme aussi... J'avais été obligée de
l'engueuler. Pourtant, c'était un militaire de carrière !
Cela l'ennuyait, aussi, de décoder les messages qu'il recevait : à
un moment, il le faisait faire par d'autres (alors que c'était interdit,
pour des raisons de sécurité). Un gars m'avait dit un jour
: « il est intéressant, ce message ». C'était lui
qui l'avait décodé...
H - Il en faisait décoder aussi par les filles du fermier. Il n'avait
pas froid, la nuit !
Extrait du livre
« Pauline »
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25/12/97